Atelier prière
Comment prier avec la Parole ? Comment Dieu me parle, me construit dans ma prière ? Comment ma prière me rend libre ? Comment elle me transforme ? Comment elle est lien d’unité entre nous ?
Vous trouverez ici les documents des différentes rencontres : pour chacune, une introduction, un texte biblique et deux fiches pour prier avec des textes bibliques.
Qu'est-ce que prier avec la Bible?
Il y a bien des manières de prier. Pendant ce temps de carême, je vais vous proposer une manière : avec des textes bibliques.
On peut faire différentes choses avec la Bible : la lire comme un roman, l’étudier de manière plus ou moins « technique », lui poser des questions (y chercher des réponses), la commenter pour une communauté (prédication ou homélie). Une autre manière de l’aborder, c’est d’entrer en prière avec elle. C’est l’enjeu de cette proposition de carême.
La prière, on peut en parler à travers l’étude de quelques textes qui nous aident à y réfléchir (observer Jésus qui prie, regarder ce qu’il dit de la prière, observer une prière = un psaume, échanger sur le « Notre Père »). Mais le mieux pour comprendre, apprendre, approfondir, c’est d’expérimenter la prière. Chaque semaine deux textes avec quelques indications seront proposés que chacun peut utiliser – librement, l’important n’est pas de suivre à la lettre une « méthode » mais d’entendre ce que le texte a de spécifique à dire à chacun – chez soi, à son rythme.
Etude biblique : Jésus prie à Gethsémané
Mt 26, 36-46 (TOB)
36Alors Jésus arrive avec eux à un domaine appelé Gethsémani et il dit aux disciples : « Restez ici pendant que j’irai prier là-bas. »
37Emmenant Pierre et les deux fils de Zébédée, il commença à ressentir tristesse et angoisse.
38Il leur dit alors : « Mon âme est triste à en mourir. Demeurez ici et veillez avec moi. »
39Et allant un peu plus loin et tombant la face contre terre, il priait, disant : « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Pourtant, non pas comme je veux, mais comme tu veux ! »
40Il vient vers les disciples et les trouve en train de dormir ; il dit à Pierre : « Ainsi vous n’avez pas eu la force de veiller une heure avec moi !
41Veillez et priez afin de ne pas tomber au pouvoir de la tentation. L’esprit est plein d’ardeur, mais la chair est faible. »
42De nouveau, pour la deuxième fois, il s’éloigna et pria, disant : « Mon Père, si cette coupe ne peut passer sans que je la boive, que ta volonté se réalise ! »
43Puis, de nouveau, il vint et les trouva en train de dormir, car leurs yeux étaient appesantis.
44Il les laissa, il s’éloigna de nouveau et pria pour la troisième fois, en répétant les mêmes paroles.
45Alors il vient vers les disciples et leur dit : « Continuez à dormir et reposez-vous ! Voici que l’heure s’est approchée où le Fils de l’homme est livré aux mains des pécheurs.
46Levez-vous ! Allons ! Voici qu’est arrivé celui qui me livre. »
Commentaires :
- Ce texte montre le seul moment dans les évangiles synoptiques (Matthieu, Marc, Luc) où l’on accède au contenu de la prière de Jésus. On voit souvent Jésus prier à des moments clefs de son ministère, mais les autres fois, le texte ne rapporte pas ce qui se passe dans ces moments de prière.
- Ici, nous voyons une prière très humaine. Elle exprime des sentiments humains (détresse, angoisse), mais dans une confiance profonde avec le Père.
- Cette prière apparait comme un combat de Jésus pour accueillir cette volonté du Père sur sa vie. Ce n’est pas un recul devant le plan de Dieu, qu’il voit au-delà de l’avenir immédiat, mais peut-être une « exploration » d’une autre voie possible pour l’accomplir (un voie plus triomphale qui ne passerait pas par la passion ?)
- Jésus se trouve dans une situation ultime de solitude, les disciples se révélant incapables d’assurer une vigilance. Cette solitude face au combat le plus intime et ultime n’est-elle pas notre lot à tous ? Mais le lien avec le Père reste présent.
- Cette prière combat fait passer Jésus de l’angoisse à la paix. « L’heure » peut être accueillie.
- C’est une prière « à deux axes », horizontal et vertical, à l’image du commandement d’amour : tois fois, il y a ce « va et vient » avec les disciples. Les deux axes sont intimement liés (relations à Dieu et relations aux hommes) et ne peuvent pas être dissociés.
- La boucle est bouclée depuis les tentations au désert (début du ministère) jusqu’au seuil de la passion. Jésus surmonte 3 fois chaque « tentation »
- Finalement, est-ce que la seule prière possible pour nous (en dépit parfois de circonstances dramatiques) ne serait pas celle-ci : que ta volonté soit faite ?
Prier avec un texte : L'aveugle de Jéricho
Mc 6, 46-52 (TOB) : l’aveugle de Jéricho
46Ils arrivent à Jéricho. Comme Jésus sortait de Jéricho avec ses disciples et une assez grande foule, l’aveugle Bartimée, fils de Timée, était assis au bord du chemin en train de mendier. 47Apprenant que c’était Jésus de Nazareth, il se mit à crier : « Fils de David, Jésus, aie pitié de moi ! » 48Beaucoup le rabrouaient pour qu’il se taise, mais lui criait de plus belle : « Fils de David, aie pitié de moi ! » 49Jésus s’arrêta et dit : « Appelez-le. » On appelle l’aveugle, on lui dit : « Confiance, lève-toi, il t’appelle. » 50Rejetant son manteau, il se leva d’un bond et il vint vers Jésus. 51S’adressant à lui, Jésus dit : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » L’aveugle lui répondit : « Rabbouni, que je retrouve la vue ! » 52Jésus dit : « Va, ta foi t’a sauvé. » Aussitôt il retrouva la vue et il suivait Jésus sur le chemin. Pour prier avec ce texte Avant le temps de prière : décider du moment, du lieu, de la durée (20 mn, 30 mn, 40 mn…) Au moment voulu, trouver ma façon d’entrer en prière : dire ou signifier « me voici », exprimer ce avec quoi je viens, ce que je désire recevoir Lire lentement le texte, plusieurs fois si besoin. Essayer d’imaginer la scène : Jésus qui sort de Jéricho, il est en route pour Jérusalem où l’attend sa passion. Il vient de l’annoncer à ses disciples pour la 3è fois, mais ils ne comprennent pas, ou n’acceptent pas. Il sort d’un oasis de verdure pour traverser un désert. Une foule le suit. Il fait chaud. Un aveugle est assis au bord du chemin. Il a un nom et une ascendance (fils de Timée). Il crie vers Jésus, sans tenir compte des injonctions à se taire des disciples. Jésus le fait appeler. Il se lève, jette son manteau et trouve son chemin (il est encore aveugle). Il exprime son désir de guérison, sa joie d’être exaucé, il suit Jésus. Faire entrer en dialogue cette Parole et ma vie. M’arrêter sur ce qui me touche ou m’interpelle, y rester tant que j’y trouve du gout ou tant qu’il se passe « des choses ». Ne pas hésiter à interroger, à discuter. Suis-je parfois cet aveugle ? Quels sont mes aveuglements ? Quand est-ce que je me trouve « au bord du chemin » ?
Observer son appel, alors que les disciples ont peur de ce titre « Fils de David ». Observer son mouvement lorsque Jésus l’appelle : il se met debout et sait où il va, alors même qu’il n’a pas encore recouvré la vue. Il jette son manteau.
Comment je reçois ce geste ? Comment il résonne pour moi ? Il exprime son désir à Jésus, non pas de recevoir l’aumône, mais de retrouver la vue. Et moi, quel est mon désir profond, qu’est-ce que je voudrais que le Seigneur fasse pour moi ? Qu’est-ce que j’ai déjà reçu ? Comment ai-je alors exprimé ma joie ?
Goûter la démarche de foi de l’aveugle : n’ayant à offrir que sa fragilité, il se tourne entièrement vers Jésus, ayant perçu en lui ce qu’il offre d’essentiel. Je peux moi aussi esquisser ce mouvement de foi dans ce temps de prière. Suis-je parfois comme les disciples ? Incrédules (ils suivent Jésus, mais viennent à la fois de ne pas comprendre l’annonce de la passion et de convoiter entre eux les « places d’honneur »), cherchant à faire taire celui qui crie (par peur), mais l’appelant finalement pour répondre à la demande de Jésus ? Observer l’attitude de Jésus, et chercher ce qu’il me dit à travers ses gestes et ses mots. Quand il entend le cri de l’aveugle, quand il a de la compassion, quand il le fait appeler par ceux-là même qui cherchaient à le faire taire (il y a peut-être plusieurs guérisons dans ce passage), quand il interroge le désir de l’aveugle, quand il reconnaît sa foi…
Comment cela résonne dans ma vie aujourd’hui ? Qu’est-ce que cela m’apprend de Dieu ? Comment cela m’aide à devenir un peu mieux fils ou fille de Dieu ?
Avant d’achever mon temps de prière : Faire le point sur ce que j’ai reçu, sur ce que je veux garder. Remercier. Terminer en me rappelant que je suis envoyé dans le monde et en communion avec d’autres (avec quelques mots, le notre Père, un psaume, …)
Prier avec un texte : rien ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu
Rm 8, 31-39 Rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu 31Que dire de plus ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? 32Lui qui n’a pas épargné son propre Fils, mais l’a livré pour nous tous, comment, avec son Fils, ne nous donnerait-il pas tout ? 33Qui accusera les élus de Dieu ? Dieu justifie ! 34Qui condamnera ? Jésus Christ est mort, bien plus il est ressuscité, lui qui est à la droite de Dieu et qui intercède pour nous ! 35Qui nous séparera de l’amour du Christ ? La détresse, l’angoisse, la persécution, la faim, le dénuement, le danger, le glaive ? 36selon qu’il est écrit : A cause de toi nous sommes mis à mort tout le long du jour, nous avons été considérés comme des bêtes de boucherie. 37Mais en tout cela, nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés. 38Oui, j’en ai l’assurance : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les Autorités, ni le présent ni l’avenir, ni les puissances, 39ni les forces des hauteurs ni celles des profondeurs, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ, notre Seigneur. Pour prier avec ce texte : Avant le temps de prière : décider du moment, du lieu, de la durée (20 mn, 30 mn, 40 mn…) Au moment voulu, trouver ma façon d’entrer en prière : dire ou signifier « me voici », exprimer ce avec quoi je viens, ce que je désire recevoir Lire lentement le texte, plusieurs fois si besoin : M’arrêter sur ce qui me touche, sur ce qui m’interpelle, me questionne, …. Y rester tant que j’y trouve du gout, tant qu’il se « passe des choses » Faire entrer en dialogue cette Parole et ma vie. « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » Comment je reçois cette Parole ? Qu’est-ce qui semble, dans ma vie, être contre moi ? Comment je peux surmonter cela avec ma foi en Christ ? « Comment, avec son Fils, ne nous donnerait-il pas tout ? » Je nomme, dans ma vie, ce que Dieu m’a donné. Je prends conscience de tous ces dons. Je peux rendre grâce pour cela. « Qui nous séparera de l’amour du Christ ? La détresse, l’angoisse, la persécution, la faim, le dénuement, le danger, le glaive ? » Qu’est-ce qui, dans ma vie semble me séparer de l’amour de Dieu ? Où sont mes détresses, mes angoisses, mes persécutions, mes faims, mes dangers…. Je peux demander au Seigneur de me montrer comment, en lui, je suis « plus que vainqueur ». « Rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ, notre Seigneur » Je peux laisser ces paroles résonner en moi. Les laisser m’imprégner tout entier(e). Je peux les répéter pour repérer leur goût, pour me laisser émerveiller par cet infini de l’amour de Dieu pour moi. Je peux puiser la force et l’encouragement que me donne cette Parole. Je peux parcourir les lieux de ma vie en posant sur chacun d’eux : rien ne peut me séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ. Qu’est-ce que cela produit en moi ? J’essaie de mettre des mots sur tout ceci… Avant d’achever mon temps de prière : Faire le point sur ce que j’ai reçu, sur ce que je veux garder. Remercier. Terminer en me rappelant que je suis envoyé dans le monde et en communion avec d’autres (avec quelques mots, le Notre Père, un psaume, …)
Commenti